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L'assamite à la mêche blanche

16 septembre 2012

2 - Courrier

BOOM-BOOM-BOOM

 

Déjà la troisième fois que les murs résonnent. J’hésite toujours à ouvrir la porte de cet appartement. Je ne sais pas ce que je fais ici. Je ne sais pas comment je suis arrivé ni avec qui.

 

Peut-être est-ce un homme de chambre ? Peut-être est-ce la personne qui m’a amené ici ? Il faut que j’en aie le cœur net. Je suis donc ma curiosité.

 

-          Une seconde, j’arrive !

 

Je cherche rapidement mes habits dans la chambre. Rien sur le lit, rien en dessous ! Rien sur le bureau ni la chaise ! J’ouvre la penderie. Mis à part un pantalon et un manteau, elle est parfaitement vide. Pas le temps de comprendre, j’enfile le bas et le haut.

 

Arrivé près de la porte, je jette un regard par le juda. Personne. Je guette le long couloir blanc à la lumière clignotante. Cela me rappelle les hôtels de films d’horreur. Je tremble lorsque je saisis la poignée. Je respire profondément et j’ouvre grand la porte. Il n’y a personne. Je regarde à droite puis à gauche. Rien.

 

Le lustre vacillant me donne à voir des dizaines de portes. Le couloir me parait désert. Pas un seul bruit ne vient rompre le silence oppressant. Alors que je ferme la porte, j’aperçois un colis juste à mes pieds. Je le ramasse et m’enferme à doubles tours.

 

Je commence à transpirer. J’ai peur mais je ne sais pas de quoi. Je suis excité mais ne sais pas pourquoi. Cette situation, cet appartement, ce colis sans parler de cette apparence qui me hante. Tout ici se mélange.

 

Je me laisse tomber sur le lit. Le regard perdu dans mes pensées. Je tente de me rappeler quelque chose. Mais rien ne vient. Que fais-je ici ? Qu’ai-je fait cette nuit ? Où étais-je hier ? Avant-hier ? La semaine dernière ? Je ne me souviens plus de mon nom ! Je suis parfaitement amnésique. Le tournis m’emporte à nouveau. Que vais-je faire ? Où vais-je aller ? Je commence à me demander si tout cela n’est pas qu’un simple rêve. Pourtant si réel…Je veux me réveiller de ce cauchemar.

 

Je me reprends. Puisque je ne me réveille pas, autant avancer. Je pose le lourd colis sur mes genoux et dégrafe le kraft. Parmi des dizaines de boules de polystyrènes que je remue à la recherche d’indices, je touche quelque chose de froid et métallique. Je saisis l’objet et le sort.

 

-          Oh non ! C’est une blague ?

 

Je pose le revolver avec prudence et continue à fouiller la boîte. J’en ressors un morceau de papier plié en étoile. Je l’ouvre délicatement. L’ancre est encore fraîche et l’écriture est soignée.

 

Azazel, mon fils

 

J’ai peu de temps pour t’écrire cette lettre alors pardonne mon attivité.

Cette nuit, tu es mort pour renaître meilleur.

D’aussi loin que je peux me souvenir, tes souffrances sont miennes. Je sais ce que tu endures. Je suis passé par là il y  des centaines d’années. Je connais tes questions et tes doutes et chacun trouveront réponses lorsque le moment sera venu. J’y répondrai en personne si je le pouvais.

En attendant, tu vas devoir trouver ta propre route, suivre ton propre chemin. Il sera difficile, semé d’embûches, parsemé de combats et de défis. Il va te falloir être fort. Plus fort qu’eux.

 

Je dois te laisser car l’heure est bientôt arrivée !

Je te fais cadeau de ton premier repas. Consomme le avec prudence et parcimonie.

Fuis le jour et  méfie toi de la nuit.

 

G.

 

Après l’avoir lu trois fois, je la pose à côté du revolver et renverse le reste de la boîte sur le lit, agacé par toutes ces questions qui se pressent dans ma tête. Là, parmi les boules blanches, se tient un flacon rempli d’un liquide cramoisi qui éveille en moi un désir incontrôlable.

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14 septembre 2012

1 - Réveil

La nuit est sombre. Le vent me tire d’un sommeil duquel je ne veux pas sortir. Je l’entends tempêter contre les carreaux de ma fenêtre comme une vague se mourant sur un rocher. Je frissonne. Le froid m’est pourtant agréable.

 

J’ouvre les yeux péniblement. Les ténèbres brûlent mes paupières. Je tente de me relever mais mes membres refusent de m’obéir. La douleur est la seule réponse que mon corps me donne. Une torture si intense que je manque de m’évanouir.

 

Je lutte dans le noir contre des cordes invisibles. Je me sens  comme un insecte pris dans une toile d’araignée. Mon corps n’en fait qu’à sa tête. Ma tête est prête à imploser. Je sens une violente douleur dans mon crâne, un hurlement strident qui brouille ma vue.

 

Plusieurs minutes s’écoulent durant lesquels je multiplie mes efforts pour reprendre le contrôle de mes muscles engourdis. Mes yeux s’acclimatent au noir mais je ne reconnais pas mon chez-moi. Je ne me souviens plus de ce qui m’est arrivé hier soir. J’ai encore dû abuser d’un alcool trop fort.

 

-          Allez, remue l’orteil ! Bouge ton pied ! Secoue ta jambe ! Fais quelque chose !

 

Je sens des milliers de fourmis m’envahir. Je frissonne à nouveau. Je sens la vie reprendre les droits sur mon corps. Je sens mes membres pour la première fois. Je me tortille sur mon lit. Je sors de cette chrysalide transparente qui m’emprisonne. Je vais pouvoir m’envoler mais finalement…je tombe lourdement sur le sol.

 

J’ai mal partout et pourtant cette chute me soulage. Je me relève difficilement. La lune traverse les nuages et illumine les lieux.

 

-          J’ai vraiment dû abuser !

 

Quelques coups d’œil me suffisent pour affirmer que je ne suis pas chez moi. Je suis dans un appartement neutre. Tout est blanc. Le lit, les murs, le mobilier, les rideaux même les interrupteurs. J’appuie dessus. La lumière ne s’allume pas.

 

-          Qu’est-ce que c’est que ce plan foireux ?

 

Il y a une porte dans un coin. Je l’ouvre timidement. Derrière, tout est blanc. Je tente l’interrupteur. La lumière jailli et m’agresse. Je me protège les yeux avant de les entr’ouvrir lentement. Je me fais face. Je suis entièrement nu. La panique s’empare de moi. Mes jambes deviennent plombs. Je titube. Le décor danse devant mes yeux. Mon reflet vacille avant de s’écraser sur le carrelage.

 

L’air me manque. Je ne respire plus. Mes poumons sont à plat. Je suffoque. Je me noie. Je meurs sans mourir. Pourquoi ne mouré-je pas ? Je parviens à voir malgré le manque d’oxygène. Mieux, je continue à penser ! Comment se fait-il que je puisse encore penser ?

 

Je me relève. Mon reflet parait en parfaite forme physique. Il ne semble pas souffrir du manque. Moi non plus d’ailleurs. Je m’approche de la glace. Est-ce la fatigue ou un effet de mon nouvel état mais je ne me reconnais pas ? Je me rappelle très peu de mon corps mais je ne me souviens pas avoir été un jour aussi pâle. Mon torse semble sec, mes muscles taillés dans la roche. Mes yeux bleus semblent vidés. Mes cheveux sont aussi sombre que les ténèbres.

 

Alors que je continue à observer cet autre qui me juge, j’entends un grand bruit qui rompt le silence de ce réveil. Quelqu’un frappe à la porte.

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L'assamite à la mêche blanche
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