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L'assamite à la mêche blanche
14 septembre 2012

1 - Réveil

La nuit est sombre. Le vent me tire d’un sommeil duquel je ne veux pas sortir. Je l’entends tempêter contre les carreaux de ma fenêtre comme une vague se mourant sur un rocher. Je frissonne. Le froid m’est pourtant agréable.

 

J’ouvre les yeux péniblement. Les ténèbres brûlent mes paupières. Je tente de me relever mais mes membres refusent de m’obéir. La douleur est la seule réponse que mon corps me donne. Une torture si intense que je manque de m’évanouir.

 

Je lutte dans le noir contre des cordes invisibles. Je me sens  comme un insecte pris dans une toile d’araignée. Mon corps n’en fait qu’à sa tête. Ma tête est prête à imploser. Je sens une violente douleur dans mon crâne, un hurlement strident qui brouille ma vue.

 

Plusieurs minutes s’écoulent durant lesquels je multiplie mes efforts pour reprendre le contrôle de mes muscles engourdis. Mes yeux s’acclimatent au noir mais je ne reconnais pas mon chez-moi. Je ne me souviens plus de ce qui m’est arrivé hier soir. J’ai encore dû abuser d’un alcool trop fort.

 

-          Allez, remue l’orteil ! Bouge ton pied ! Secoue ta jambe ! Fais quelque chose !

 

Je sens des milliers de fourmis m’envahir. Je frissonne à nouveau. Je sens la vie reprendre les droits sur mon corps. Je sens mes membres pour la première fois. Je me tortille sur mon lit. Je sors de cette chrysalide transparente qui m’emprisonne. Je vais pouvoir m’envoler mais finalement…je tombe lourdement sur le sol.

 

J’ai mal partout et pourtant cette chute me soulage. Je me relève difficilement. La lune traverse les nuages et illumine les lieux.

 

-          J’ai vraiment dû abuser !

 

Quelques coups d’œil me suffisent pour affirmer que je ne suis pas chez moi. Je suis dans un appartement neutre. Tout est blanc. Le lit, les murs, le mobilier, les rideaux même les interrupteurs. J’appuie dessus. La lumière ne s’allume pas.

 

-          Qu’est-ce que c’est que ce plan foireux ?

 

Il y a une porte dans un coin. Je l’ouvre timidement. Derrière, tout est blanc. Je tente l’interrupteur. La lumière jailli et m’agresse. Je me protège les yeux avant de les entr’ouvrir lentement. Je me fais face. Je suis entièrement nu. La panique s’empare de moi. Mes jambes deviennent plombs. Je titube. Le décor danse devant mes yeux. Mon reflet vacille avant de s’écraser sur le carrelage.

 

L’air me manque. Je ne respire plus. Mes poumons sont à plat. Je suffoque. Je me noie. Je meurs sans mourir. Pourquoi ne mouré-je pas ? Je parviens à voir malgré le manque d’oxygène. Mieux, je continue à penser ! Comment se fait-il que je puisse encore penser ?

 

Je me relève. Mon reflet parait en parfaite forme physique. Il ne semble pas souffrir du manque. Moi non plus d’ailleurs. Je m’approche de la glace. Est-ce la fatigue ou un effet de mon nouvel état mais je ne me reconnais pas ? Je me rappelle très peu de mon corps mais je ne me souviens pas avoir été un jour aussi pâle. Mon torse semble sec, mes muscles taillés dans la roche. Mes yeux bleus semblent vidés. Mes cheveux sont aussi sombre que les ténèbres.

 

Alors que je continue à observer cet autre qui me juge, j’entends un grand bruit qui rompt le silence de ce réveil. Quelqu’un frappe à la porte.

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